En ces temps de Carême et de Pâques, comme il est de notre devoir de nous pencher sur le Christ mort pour nous. En cette période violente où l’on tue au nom d’un Dieu. Un Dieu qui ne peut être qu’un dictateur ne peut pas avoir place en notre foi chrétienne.
Notre foi repose sur les fondements de l’amour, un amour si puissant, si grand qu’il ne peut y en avoir d’autre aussi fort. Les apôtres et à leur suite des milliers et milliers de chrétiens ont été exécutés, tués pour leur foi, car Jésus nous en a donné l’exemple lui-même. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Jésus n’a pas aboli la loi de l’ancien Testament mais l’a accompli. Ce n’est plus la loi « œil pour œil ou dent pour dent »… mais c’est la loi du pardon… « Combien de fois faut-il pardonner ? sept fois ? non pas sept fois mais soixante dixsept fois sept fois. » c'est-à-dire toujours.
Dans ce monde où tout va trop vite, l’homme a perdu son identité et sa spiritualité. L’homme a perdu sa raison d’être à trop vouloir le déshumaniser et à le rendre libre de toutes références religieuses raisonnables. L’amour infini de Jésus n’est pas le témoignage par excellence du don de soi à l’humanité. Jésus est libre tout en accomplissant la Volonté de Dieu. « je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la Volonté de Celui qui m’a envoyé. »
Et pourtant c’est cet amour du Père, incarné en son Fils qui témoigne de cet amour en mourant sur la croix pour sauver l’humanité. Oui, libre, il l’est, il le fut, car devant Pilate il dit : «…Croyez-vous que je n’aurai pas pu échapper aux juifs, une légion d’anges me seraient venus en aide ! » Mais il se devait de témoigner au monde de cet amour miséricordieux d’un Dieu à la fois lointain et proche par son incarnation.
Tout au long de l’évangile de saint Jean, n’est-ce pas le thème de l’amour qui tout au long de cet évangile transparait. Dieu est amour, mais l’homme dans son mensonge a préféré les ténèbres à la lumière, parce que ses œuvres étaient mauvaises. L’autre aspect, c’est cette liberté de Jésus tout au long du récit ; « son heure n’était pas venue ! » mais lorsque son heure fut venue, alors il se livre lui-même, librement , en pleine connaissance, en toute lucidité avec la souffrance que cela amènera. « Père, que ce calice s’éloigne de moi » et alors il va souffrir, mourir pour nous ouvrir le ciel. vous me direz, c’est bien beau, mais ne pouvaitil pas faire autrement ? C’est là le grand mystère, celui de l’amour de Dieu pour les hommes. Jésus pardonne, Jésus aime, Jésus meurt, pour que nous ayons la vie.
Oui, cher amis, tout est mystère d’amour. Dans ce sacrifice il associe Marie, la Co-Rédemptrice. Elle pleure, elle pleure, disait Péguy , elle souffre et elle meure de voir mourir son Fils pour le monde. : « Quand mon fils eut rendit l’esprit, dit-elle à sainte Brigitte, alors mes mains se séchèrent, mes yeux s’obscurcirent, mon visage pâlit comme le visage d’un mort, mes oreilles n’entendirent plus rien, et mon corps tomba à terre. »
Cet amour du Dieu incarné en Jésus se perpétue de nos jours au travers de son Eglise militante, c’est à dire de chacun et chacune d’entre nous. Les saints et saintes en sont le reflet le plus lumineux, car ne l’oublions pas, l’Eglise est composée de créatures mortelles, humaines et divines par son fondateur le Christ. Seule la grâce de Dieu peut nous permettre de crier : « Abba », c’est à dire Père, à celui qui nous a tout donné et révélé les mystères cachés depuis l’origine du monde.
Le monde est dans une phase de décomposition parce qu’il ne croit plus à cette puissance de l’amour et de l’amour de Dieu. Dieu, on peut l’appeler comme on veut, mais un Dieu miséricordieux ne demande pas de diviser, comme l’adversaire qui est au travail 24 heures sur 24. Non, c’est Jésus qui crie sa soif des âmes et qui pardonne à ses bourreaux que nous sommes tous plus ou moins. « Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Oui, ce Jésus qui apporte la Paix, on lui fait la guerre, on le met en dérision. On tue les chrétiens mécréants. On assassine son honneur et on le livre à la boue des nouveaux persécuteurs, il continue de pardonner et de pardonner encore.
Bien cher(e)s ami(e)s, quand est-ce que nous pourrons comprendre et saisir la puissance de l’Amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous ? Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde comme affirmait Blaise Pascal. Cette phrase résonne comme une cymbale sonore au milieu d’une pièce vide et sans présence humaine, au milieu de nulle part, et c’est pourquoi : « Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ».
Nos politiques, nos économistes de tous bords s’évertuent à palabrer et à palabrer, encore et encore, des paroles nous en avons à revendre, et pourtant tout reste comme une lettre morte, sinon parce que la volonté humaine ne recherche que l’égoïsme, le profit.
Les armes n’ont jamais autant proliférés que ces dernières années. Veut-on vraiment éradiquer le mal, les racines du mal ? Pensez-donc, ça ne rapporte que trop, les conflits génèrent des milliards, c’est rentable pour certains alors que le chômage gangrène la société et que l’être humain ne retrouve plus sa dignité que peut lui procurer un travail décent et un salaire juste. Si on cherchait à accomplir la sainte Volonté de Dieu du mieux que l’on peut, ce ne serait pas qu’un bien grand mot.
La recherche d’un conscience droite et non hypocrite nous permet de nous harmoniser avec les puissances de Lumière et de Dieu. Pendant ce temps de carême, je voudrais, cher(e)s ami(e)s, que nous prenions conscience un peu plus de cet amour de Dieu pour nous, qui se donne sans contrepartie pour nous, de cet amour brisé, bafoué, maltraité par nos péchés et le péché infligé à autrui, où des innocents, des enfants, une multitude souffre, pleure, meure. Compatissons à l’immense douleur de notre Mère du Ciel et à la souffrance de l’Amour, incarné par Jésus qui continue d’être rejeté par le monde et dont Marie elle-même s’est faite l’écho, à la Salette, où elle pleure, à Syracuse, à Fatima. Elle pleure partout devant l’ingratitude de l’homme mais surtout devant le rejet de la béatitude et salut en son Fils venu en ce monde non pour le condamner mais pour le sauver.
Unissons-nous à la douleur de Marie, unissons-nous par nos prière, nos sacrifices, notre charité aussi. Parfois on a peur de donner, (on préfère se donner à soi-même), un peu de ce que l’on possède, un peu de notre sourire, de notre charité. Si nous accomplissons plus souvent des actes de miséricorde, nous compatirions à la Passion de Jésus … « Souffrez ô notre Mère qu’en nous éloignant du sépulcre, où nous laissons Jésus, nous vous prions du plus profond de nos cœurs de ne pas permettre que nous rendions inutiles, par notre faute, tant de scènes douloureuses de la Passion de votre Fils »
« Il est là suspendu, notre doux créateur, Par ces quatre clous cruels, au gibet d’infamie victime de l’Amour qui consume son Cœur. Voyez ce Sang Divin qui de la chair meurtrie de pourpre revêtant ce corps défiguré à grands flots ruisselle et de toutes part l’inonde. Le reconnaissez-vous, hélas, ce chef sacré ? »
Là, cher(e)s ami(e)s, là, se trouve le sommet de l’Amour d’un Dieu. Ne l’oublions jamais !
Père J.C. Mercier - Février 2015 - Revue 157